Ma vie (de femme ? ) d'expat'!
Je ne peux pas parler de ma vie sans parler plus en détail de sa facette un peu
"atypique" en tant que pigeons voyageur que nous sommes, mon mari et moi.
Je vais passer « rapidement » les points positifs et négatifs de cette vie que nous avons choisie
et reviendrai sur des points qui me tiennent à coeur dans des billets dédiés par la suite ! Ou si vous souhaitez que
je parle de quelque chose en particulier?
D'abord, ça n'a jamais été un "projet de vie" de se dire, à Monsieur ou moi-même:
"Demain nous n'habiterons plus en France".
Nous avons tous les deux voyagé lors de nos études respectives, comme la plupart des étudiants d’aujourd’hui.
Mon mari étant 5 ans plus âgé, a toujours travaillé dans la même société, depuis son stage de fin d’études.
Après environ 3 ans de « bons et loyaux services », on lui a proposé de postuler pour un poste plus intéressant en Afrique,
au Kenya plus précisément.
Pour ma part je finissais tout juste mes études (me rester à terminer mon mémoire)
et j’ai tout de suite été emballée par cette opportunité.
Ce n’est vraisemblablement pas l’ambiance morose du marché du travail dans l’hexagone qui m’a retenue !
Et puis finalement, nous entendons depuis que nous faisons des études, qu’en France, dans le secteur privé, nous n’avons « pas d’avenir ».
On ne se sent pas « capables » à l'époque de refuser une telle opportunité. Et puis le Kenya ça attire!
Je suis de ceux qui pensent que la vie nous offre parfois des chances qu’il faut saisir
même si elles font peur.
Peu de temps après (3 mois environ), en octobre 2008, voilà Mari-chéri parti !
Je le rejoindrai un peu plus tard, en janvier il me semble, une fois l’installation quasiment terminée !
Qui aurait pu croire que presque 7 ans après, nous sommes toujours à l’étranger mais dans un troisième pays… !?
Pas nous en tout cas. Nous partions à l’époque pour « 3 à 5 ans »…
Certaines personnes de notre famille disaient déjà « vous ne reviendrez jamais ».
Encore aujourd’hui, nous ne pensons pas cela, mais nous ne projetons pas de rentrer pour
le moment malgré tous les inconvénients comme le principal : l’éloignement de notre famille et de nos chers amis.
Je vais donc faire un classique « avantages/inconvénients » de ce mode de vie !
Je ne parlerai que de ce que je connais, l’Afrique pour le moment (car les inconvénients
parfois cités correspondrons à ceux de pays moins développés).
- Les + :
- Le temps libre : dans des pays « moins-développés » il est plus facile d’avoir de l’aide dans les tâches
quotidiennes de la maison.
En ayant du personnel de maison, nous donnons de l’emploi à des personnes locales (que nous n'exploitons pas,
bien au contraire) et cela nous libère beaucoup de temps.
Nous avons aujourd’hui principalement une femme de ménage, une nounou, une aide cuisinière.
Quand nous sortons du travail, nous n’avons globalement rien d’autre à faire que passer du temps
avec nos enfants ou passer du temps pour nous. C’est un luxe dont nous sommes pleinement conscients
et nous en profitons à fond.
- L’ouverture d’esprit :
Pour nous adultes et parents :
J’en ai déjà parlé vaguement dans un post précédent.
En vivant en expatriation, nous rencontrons des gens de tous milieux, de tous pays,
des locaux comme des expatriés. En côtoyant des gens d’horizons très différents, il est
indéniable que notre vision des choses évolue, doucement mais sûrement et que nous
changeons. Des choses qui pouvaient nous paraitre « inconcevables » en tant que bon
« franco-français » jamais sortis de la France et de notre environnement
si ce n’est que pour fréquenter des hôtels, ou des gens ayant fait des études similaires
aux nôtres et plus ou moins du même milieu social que nous (car mine de rien, que nous
le voulions ou non, nous côtoyons forcément toujours le même type de personnes),
et bien ces choses qui nous semblaient « évidentes » ou être « la bonne façon de faire »
de par notre éducation ou notre culture se retrouvent complètement bouleversées.
Un exemple, discuté récemment au bureau avec certains de mes amis et collègues plutôt amusant:
J’ai constaté qu’ici, l’épilation des aisselles et des jambes de la femme n’est pas une
évidence et pas du tout un "tue l'amour"...
Une femme poilue peut même être un symbole de beauté pour certains hommes. Quand je
pense qu’il m’arrive d’aller au sport, non parfaitement épilé, et d’être mal à l’aise quand un
morceau de peau légèrement piquant dépasse de mon legging court… mes amis m'ont rassurée, j'ai du ête la seule
à m'en apercevoir, même lors des exercices par 2 où une personne avait la main sur mes chevilles...!
Evidemment, si je continue de le faire aujourd’hui et que je reste « choquée » quand je vois
une jolie femme, élégante, avec de longs poils sur les jambes, je ne me dis pas pour autant
qu’elle est « sale » ou « laide » ou qu’elle à tort. Pourquoi s’embêterait elle ?! Peut être que si je remonte quelques années
en arrière, en voyant cela, j’aurai jugé cette même dame…
D’ailleurs, j’ai eu l’occasion d’en discuter avec un collègue masculin avec qui je peux
parler librement. Il m’a comparé l’épilation des jambes avec celle des bras… Il m’a
même demandé pourquoi les femmes, chez nous, ne s’épilent pas les bras.
Nous ne « voyons pas » les poils des bras. Il en est pareil des poils des jambes ici !
Leur société/culture ne les a pas formatés pour trouver cela laid…
C’est un exemple comme un autre pour en arriver au fait que quand nous sommes confrontés
à des façons de penser très différentes pour des choses plus ou moins futiles, nous constations
qu’il n’y a pas « une bonne façon de faire » mais que chacun à sa propre façon de faire,
qui est la bonne pour lui, selon son environnement ou sa vie tout simplement.
J’ai donc remarqué qu’aujourd’hui, j’ai du mal à accepter le jugement de quiconque
sur les choix des autres dès lors que ce ne sont pas les choix qu’ils auraient fait ou les choix de la majorité.
On peut aimer ou ne pas aimer, trouver que nous n’aurions peut-être pas fait tel ou tel choix, mais je ne comprends pas que l’on puisse dire d’une
personne lambda que sa façon de faire est ridicule…
J’ai pas exemple du mal à ne pas sortir de mes gonds lorsque j’entends quelqu’un dire un
« mais pourquoi elle n’allaite pas elle » ou un « dis donc elle allaite 2 ans, ça fait beaucoup
quand même ». Alors je sors un bon « mais enfin, elle fait ce qu’elle veut » qui ne plait
pas toujours… J’ai donc un travail à faire sur moi à ce sujet ! Tourner ma langue dans ma bouche
avant de de parler… Oui, j’y arriverai !!
Selon moi, dès lors que le choix de l’autre ne nuit à personne, que sa famille approuve
son choix, de quel droit nous permettrions nous de dire que cette personne a tort ?!
Pour nos enfants :
- Nos enfants ne voient que tard la différence « blancs/noirs ».
Apolline est dans une petite école, tenue par une directrice française. Il y a des blancs,
des jaunes, des noirs, des métisses ;) J’ai trouvé très rigolo, lors de sa première année
(en TPS, à 2 ou 3 ans) nous parler de quelqu’un et le décrire par la couleur
de ses lunettes, ou de ses vêtements et pas immédiatement par sa couleur de peau.
- Nos enfants, gagnent énormément en capacité d’adaptation également.
Ils prennent l’avion comme le train (j’avais déjà effectué 8 vols lorsque j’étais enceinte
d’Apolline). Et s'emerveille à tous les châteaux de princesse qu'il y a en France quand ils voient
certains monuments.
- La découverte de nouvelles cultures :
En étant expatriés, nous entrons au cœur des cultures locales (quand nous le souhaitons).
Ayant eu la chance de trouver du travail très rapidement dans les différents pays,
j’ai eu cette chance de me faire de réels amis parmi mes collègues locaux. A noter que je pense
qu’il n’est pas si aisé de sympathiser réellement (pas juste de copiner) avec des locaux
qui ne sont « jamais sortis ». Et je dis cela sans aucun jugement. En effet, je constate que les gens avec qui je m’entends
le mieux ont fait une partie de leurs études en dehors de leur pays. C’est ainsi qu’ils me
comprennent et m’acceptent.
Et quelle chance de pouvoir participer à des fêtes traditionnelles locales.
D’aller « au village » voir la famille d’untel ou untel… D’y être reçue comme un membre
de la famille.
Seul hic : la langue. Je n’ai jamais été particulièrement douée pour les langues
et n’ai pour le moment appris quelques mots, mais cela reste
rudimentaire et ne me permet pas du tout de converser avec quiconque, juste de "faire plaisir" et de montrer
que je tente de m'intégrer!
- Le coût de la vie au quotidien :
De nombreux postes de dépenses sont moins importants ici qu’en France. La viande
et les fruits et légumes nous sont beaucoup plus abordables. Nous nous delectons de mangues, papayes,
bananes, ananas et autre fruits "exotiques". En revanche nous tirons un trait sur les abricots,
clémentines de Corse...
Il en est de même pour les restaurants (et l’absence de la famille et d’activités nous fait sortir énormément,
nous « compensons »).
Nous trouvons d’ailleurs de très bons restaurants où tout est fait « sur place » (pas de plats
surgelés ou semi préparés juste réchauffés) pour un coût toujours moindre.
- Le climat :
Il fait beau TOUTE L'ANNEE. Quelle tranquillité d’esprit que de ne jamais se demander
comment s’habiller le lendemain. Ici, regarder la météo… jamais fait ! Et quel
bonheur pour les enfants de pouvoir jouer dehors 365 jours par an !
Bref, c’est certain, le ciel bleu, c’est bon pour le moral !
- Les - :
- Le travail de la « femme d’expat ».
Je parle de « femme » car on constate que dans 80% des cas, c’est la femme qui a suivi son mari à
l’étranger. D’ailleurs, je peux être un peu irritée lorsque lors d’une rencontre la
personne ne me demande que « et ton mari il travaille dans quoi ? ». Euuu, comment
vous dire, mon mari fait ça ET MOI … !!! Mince alors !
Pour en revenir au travail, en Afrique j’ai toujours trouvé du travail, mais je n’ai
pas l’exigence de construire un parcours « cohérent » et d’évoluer dans les postes
que j’occupe. Par ailleurs, je n’ai quasiment aucune exigence salariale… Le fait de
travailler est purement social et « intellectuel ». Je ne me voyais pas, jeune
diplômée d’une école de commerce, me retrouver immédiatement maman au foyer.
Je fais donc des choses qui collent à mon cursus, mais suis consciente que je n’évolue
probablement pas aussi rapidement que mes amies restées en France car je ne
reste pas assez longtemps dans les entreprises.
Je me demande parfois si je ne vais pas reprendre des études type « instit » pour avoir
un métier que je puisse revendre dans tous les pays car je suis consciente que je n’aurais
probablement pas la même facilité à trouver un emploi dans des pays européens ou ayant
pour langue principale autre chose que le français.
- Diversité des activités :
Comme je le disais dans les points positifs, en Afrique nous avons du temps pour nous…
mais nous n’avons pas beaucoup de choses à faire…
En accro du shopping que je suis, je reste malheureuse à la possibilité de ne réaliser
mes différents craquages que par le net où lors de mes passages en France et uniquement
l’été et quand il n’y a plus rien dans les boutiques… (car pas avant le mois de juillet) !
Les simples balades sont plus compliquées. De nombreuses voies ne sont pas goudronnées,
l’accès en poussette classique pas aisé (pensez à ma yezz, elle souffre ici !!!) et surtout :
- La chaleur :
Si le beau temps est quelque chose que nous apprécions, la chaleur est quelque chose
que nous craignons… !
La température des mois d’avril, mai, juin est atroce… Nous y arrivons… ! Et enceinte, je ne
vous raconte pas ! Si comme moi, les varices ne vous épargnent pas lorsque votre ventre
s’arrondit, je peux vous dire que les bas de contention, je m’en passerais
volontiers sous les 40 degrés.
L’avantage ici est que nous avons un climat sec, nous ne transpirons quasiment pas
et nos vêtements ne sont pas moites toute l’année. En revanche,
le mercure monte haut, très haut, et voir 46 degrés n’est pas rare
à cette période de l’année.
Autant dire que sous cette chaleur, nous n’avons qu’une envie, rester sous la
clim ou dans la piscine (qui elle-même est à 28 degrés…).
- Les amis et la famille
Si la richesse des contacts en expatriation est certaine, il reste difficile, d’être éloignés
de sa famille et de ses amis, de ces gens qui nous connaissent depuis toujours ou
depuis de nombreuses années chez qui nous pouvons débarquer à l'improviste pour prendre le thé ou le café.
En effet, nous nous faisons de très bons amis rapidement lorsque nous habitons loin
de chez soi, une chose nous rapproche des autres expatriés: le même mode de vie,
mais les expatriés tournent. Nous nous faisons des amis qui le restent
pendant un an ou deux, puis ils s’en vont, d’autres arrivent. Il y a des périodes où nous
avons moins envie d’aller vers les autres et de « refaire l’effort » de nouvelles rencontres.
Il y a donc des périodes où nous pouvons nous sentir « seuls ». Mon mari voyageant
beaucoup, il m’est arrivé de ressentir cette « solitude » que nous pouvons difficilement
ressentir dans notre pays d’origine. Qui voir en cas de coup de blues... personne, pas simple!
Par ailleurs, quand nous sommes dans des pays qui ne sont pas touristiques, les gens ne
viennent pas nous voir. Nous pouvons donc rester plus de 6 mois sans voir personne et sans
sortir du pays. (Mari-chéri voyageant énormément, il ne ressent pas trop cela). Nous
essayons de faire des weekends dans des pays voisins, plus développés mais malheureusement
les prix des billets d’avion nous freinent (le prix peut être quasiment le même pour faire 2 heures
de vol que pour rentrer en France).
Enfin, les vols vers la France ne sont pas « donnés ». Comptons environ 750 euros sachant
qu’au minimum les billets tourneront à 650 euros mais qu’ils peuvent monter à 1200 euros.
- Les vacances
Nous avons « peu de vacances » alors que nous trouvons que nous devrions
en avoir plus (comme tout le monde ;) !). Nous avons 5 semaines par an et
pas de RTT ou autres avantages (je parle pour mon mari car mon statut de consultante ne me
donne pas droit aux congés payés...).
Et généralement nos vacances se résument au retour au bercail, dans une région
pas des plus glamour pour des vacances: le Nord. En effet si nous avions
7 semaines, nous pourrions nous consacrer 2 semaines rien qu’à nous pour
partir en famille. Et comme nous n’avons pour le moment pas de pied à terre
en France, nous rentrions en général chez papa ou mes beaux-parents.
Nous louons maintenant une maison dans la région. Avec les enfants cela devenait compliqué
et l’impossibilité de recevoir, de cuisiner ce que nous souhaitons et de nous retrouver « en famille »
devenait trop pesants.
- L’alimentation :
En bons français, nous aimons la bonne chair. Et il peut être difficile de trouver certains
produits ou alors à des prix dérisoires. M’acheter mes petites crèmes « La Laitère »
au caramel à quasiment 7 euros les 4 me fait mal (et reste limité aux repas
de fêtes ou aux coups de blues… !) et je l’avoue, je les cache pour ne pas me les
faire voler par ma fille de 4 ans qui adore ça !!! J’ai honte !
Les produits importés coûtent donc une fortune.
Ne parlons pas des fromages: adieu Comté 12 mois d’affinage, ou des
produits comme le saumon fumé et excellentes pâtisseries… Ce sont des choses
que nous ne trouvons même pas sur place… Retour en France : + 3 kg en moyenne.
L’une de mes activités favorites et même grisante une fois de retour en France, faire
le plein de courses ! Cela doit sembler hallucinant de la France mais c’est une
réalité => D’où la nécessité de louer une maison quand nous rentrons !!!
Je craque pour tout sans me poser de questions ! Cela n’arrive que 2 fois par an !!
Ici, lorsque nous recevons, j’ai toujours peur de trouver une recette mais de ne pas en
trouver les ingrédients essentiels. Par exemple, les échalotes ici ne sont pas nos
échalotes de France, le poulet n'est pas charnu comme chez nous (poulet bicyclette très bon cuisiné
comme ici, moins bon au four)!
Ou quand j’ai voulu faire un « Rainbow cake » pour l’anniversaire de ma fille, j’ai dû faire
5 boutiques pour trouver du colorant alimentaire que je n’ai jamais trouvé,
c’est finalement en voyant des gâteaux roses dans une pâtisserie que j’ai
tenté le coup et « chiné » un peu de colorant rouge qu’ils ont eu l’extrême gentillesse
de me donner gracieusement.
En gros certaines choses qui nous semblent si simples au quotidien en France
deviennent compliquées ici et inversement dans d’autres circonstances.
Tout est question d’adaptation.
Ma règle d’or lors de mes débuts dans un pays, toujours chercher ce
qui me plaît, les points positifs.
L’être humain s’adapte partout dès lors qu'il en a la volonté et qu’il « n’a pas le choix.
Certains nous disent « je ne pourrai pas faire ce que vous faites», ça c’est quand on se pose la question.
Quand on ne se la pose pas, on s'adapte. Je pense que si l'on m'avait parlé, du pays dans lequel nous sommes, en
première expatriation j'aurai sûrement dit la même chose : « Je ne pourrai pas » !